dimanche 13 mars 2011

Solla Solla etc.

Le buzz, lancé il y a quelques mois par le label Finders Keepers, aura rapidement permis de repositionner l'un des plus grands compositeurs de musique indienne de tous les temps sur la scène musicale internationale : Ilaiyaraaja. Ou Ilaiya Raaja. Ou... Qui, déjà ? Parce que, avec une carrière qui s'étale sur plus de trois décennies, et dont la somme des compositions pour le seul domaine du cinéma - et peut-être aussi des pseudonymes et/ou coquilles orthographiques - doit bien avoisiner le millier, il relève forcément du casse-tête de remettre la main sur l'exhaustivité de la discographie du raja en question. On se contentera donc, dans un premier temps, de la compilation concoctée par nos voisins anglais.
Comme à leur habitude, les goûts de ces derniers les portèrent naturellement vers une sélection fidèle dans l'état d'esprit à leur compilation "The Sound of wonder", évoquée précédemment dans ce blog : psychédélique, fuzzy, disco... bref : plutôt barrée. Ce qui peut donner à peu près ceci :
Ou comment Kamal Haasan, dieu vivant parmi les dieux vivants, est devenu en seulement trois minutes et demie, l'un des mecs les plus cools de la planète (web). A côté de ce hit en (sur)puissance, on trouvera évidemment moult morceaux qui, c'est à parier, risquent tout autant de donner envie de ressortir perruques, boots dorées et autres gilets à franges (voire de danser avec un éléphanteau comme ici).
Il serait toutefois simplificateur d'en rester là. Car la montagne de talent d'Ilaiyaraaja ne se réduit pas à ce seul adret. Côté ubac, Ilaiyaraaja, à l'instar d'un Rahul Dev Burman, s'est très largement inspiré des musiques traditionnelles locales (principalement tamoule et télougoue), certes, mais en ayant pris soin de sertir sa musique d'influences classiques, occidentales, non moins parfaitement assimilées : ainsi, dans la structure des morceaux, dans la mise en avant du chant, etc. Cela se ressent tout particulièrement si l'on examine le côté "Dr. Jekyll" - si l'on peut l'appeler ainsi - du maestro, malheureusement trop occulté à mon goût dans le cas qui nous occupe. Les changements d'ambiance que l'on trouve au sein de ses chansons pop (telle, par exemple, cette petit perle : "Andhi mazhai pozhigiruthu") en témoignent. Et si l'on écoute mieux ce penchant franchement plus traditionnel, en même temps plus sobre, moins tape-à-l'œil (j'ai envie de dire  "intimiste" tant les fioritures disparaissent), et dont la quintessence ne jaillit nulle part ailleurs que de ce dialogue/dualisme  perpétuel voix/percussions, c'est bien un pan entier de l'art du "compositeur-musicien-interprète-et-j'en-passe" qui se trouve dévoilé.
Vous voyez ce que je veux dire ? De plus,  il est impossible après cela d'oublier la voix de Sri Janaki. Elle peut énerver, on a le droit de ne pas l'adorer totalement, il n'empêche que le songwriting d'Ilaiyaraaja s'accorde parfaitement avec cette dernière : celle-ci sinue, ondoie, virevolte lascivement autour de cette rythmique hypnotique, véritable colonne vertébrale du morceau, et trouve son propre écho renvoyé par les prismes de ses équivalents masculins du moment.  J'en éprouve parfois des frissons. Si tout cela ne mérite pas une nouvelle compilation...

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