mercredi 21 décembre 2011

Green is a Colour

Soyons honnêtes : pour beaucoup de monde en France, le nom de Sibylle Baier 1°) au pire : ne parle à personne, n'évoque rien ; 2°) au mieux : fera lever un sourcil aux amateurs des films de Wim Wenders - qui voudront bien se souvenir de cette belle jeune femme aux cheveux longs qui chantait accapella dans son Alice Dans Les Villes de 1973 :
A y regarder de plus près - les ressources du web se révélant au final plutôt décevantes -, il apparaît que la dame en question, dont la vocation oscilla un temps entre la chanson et le cinéma, mit un terme aux carrières qui s'offrirent à elle à peu près aussi rapidement que celles-ci étaient nées : outre une seconde apparition au cinéma, Sibylle quitta en effet l'Allemagne pour s'installer en Amérique afin de se consacrer à sa vie de famille.
Depuis : silence. Et mystère. Ce qu'il nous reste aujourd'hui d'elle - trésor précieux entre tous -, de son absence, tient dans une poignée de pépites, religieusement conservées puis réunies par les soins de son fils Robby au milieu des années 2000 sur un unique et même disque baptisé "Colour Green". En réalité, l'album se révèle être la compilation de quatorze chansons folk enregistrées ça et là sur une période d'environ trois années, soit de 1970 à 1973, parmi lesquelles on retrouve tout de même la version "en musique" du fameux morceau fredonné plus haut.
L'écoute en est homogène d'un bout à l'autre, sans jamais sortir de cet étroit sillon, par elle seule creusé. Où l'on se dit que, quatorze chansons, cela passe finalement bien, bien vite... Comme un souffle. En bref : un petit bijou de folk féminin, dépouillé, intimiste, mélancolique mais toujours chaleureux, désuet et intemporel en même temps. A découvrir - en partie - ici. D'abord, pour le plaisir des oreilles. Quant à celui des yeux... je crois que je ne suis plus objectif : j'adore les filles aux longs cheveux châtains...

jeudi 8 décembre 2011

Losers Weepers

Parmi les événements qui échauffèrent les esprits durant l'été dernier, on voudra bien se souvenir des tristement célèbres émeutes londoniennes qui, heureusement, sans faire de victimes graves, ont néanmoins eu pour malheureux résultat l'incendie des entrepôts de la firme SONY, entre autres hébergeur du distributeur belge PIAS, celui-là même qui fournissait de nombreux labels de musique (et de Dvd) à travers le nord de l'Europe : XL, Domino, Beggars, Rough Trade, 4AD, Sub Pop, Mute, Ninja Tune, Wall of Sound... et Finders Keepers. Pour certaines de ces structures, le désastre pouvait s'élever jusqu'à 90% de leur stock !
Pour parer ce coup dur, le label d'Andy Votel se proposa de sortir quelques compilations faites à la main - la série "Make Do & Mend" ("réparer et s'arranger") -, concoctées par leurs potes (Jarvis Cocker, David Holmes, Belle And Sebastian...) auxquels ils demandèrent de piocher leurs morceaux préférés figurant au catalogue. Compilations "symboliques", souscriptions même pas déguisées, qui n'apportent pas grand-chose aux fans hardcore du label (hormis un ou deux inédits, dont ce "I like Blue", par YellowHammer), mais qui me donnèrent l'idée de ce post : pourquoi ne pas y présenter ma sélection rien qu'à moi ?
Ainsi, cela aurait pu donner quelque chose comme ceci :
1) Speck Mountain "Hey, Moon (de la compilation Bearded Ladies)
2) Jacky Chalard "Superman, Supercool"
(de l'album Je suis vivant mais j'ai peur)
3) Sapan Jagmohan "Sote Sote Adhi Rhat"
(de la compilation Bollywood Bloodbath)
4) Jane Weaver "The Fallen By Watch Bird" (de l'album du même nom)
5) Gillian Elisa "Hedfan" (de la compilation Welsh Rare Beat)
6) Chris Harwood "Wooden Ships"
(tiré de l'album Nice To Meet Miss Christine)
7) Billy Green "Race" (de la musique du film Stone)
8) Les Maledictus Sound "Kriminal Theme"
(de la compilation Midnight Massiera)
9) Rung Fah Puping "Pu Yai Lee Santana"
(de la compilation Thai? Dai!)
10) Albert Band "Ella tiene el cabello rubio"
(de la compilation Absolute Belter)
11) Anna Adamis & Gabor Presser "Ringasd el magad part. 2"
(de la compilation Well Hung)
12) la version originale (instrumentale) de "Willow's song"
(de la compilation Willows Songs)
Folk-rock (féminin) psychédélique, Freakbeat espagnol, Prog-Rock hongrois, musiques de films Bollywood, beats asiatiques... Une excuse supplémentaire pour partager un échantillon de ces musiques exigeantes et entêtantes. Bonne écoute !

jeudi 1 décembre 2011

Belladonna of Sadness

L'actrice Laura Antonelli n'est, hélas !, plus ce qu'elle était. (Ses dernières apparitions dans la presse, à 70 ans, certes, nous la montrant sous un angle guère à son avantage...) Aussi, puisque John Huston a dit qu'entre la légende et la vérité, il fallait toujours choisir la légende, j'en profite pour (me) rappeler ce qu'elle fût et ce qu'elle éveilla en moi depuis le jour où je la découvris dans l'un de ses films les plus connus : "Ma femme est un violon". D'abord : les années 60, les premiers pas de la "Vénus à la fourrure"...
Ensuite, les seventies, son zénith : gloire et beauté - ses apparitions sont presque toujours dénudées -, alternant comédies à l'italienne et rôles chez Comencini, Chabrol, Visconti, Scola... côté cœur, elle fit même tourner la tête à notre  Belmondo national !
Quant aux années 80, Antonelli n'échappa guère à ses clichés : cocaïne, Playboy, démêlés judiciaires... soit une descente aux enfers pour celle qui était devenue, entre Edwige Fenech et Ornella Muti, un des plus beaux sex-symbols à l'italienne de la décennie précédente.
Mieux vaut donc retourner voir en DVD ces délicieux nanars tels que "Malicia", "Ma femme est un violon", "Le sexe fou", etc., qui furent autant de calices à cette beauté, histoire de lui rendre un dernier hommage... peut-être en écoutant alors la musique composée par Manfred Mann pour l'autre "Vénus à la fourrure", celle de Jess Franco ?