mardi 26 avril 2011

Présentations. Acte II, scène 2.

Des années après, je ne trouve toujours rien à ajouter pour ma défense. Ni à retrancher. Les preuves à conviction m'accablent pourtant. Mais on voudra bien reconnaître que j'étais mineur au moment des faits - je le sais ; des témoins peuvent en attester - : m'accordera-t-on cette circonstance atténuante ? Séquence : "X Files".
Mes premiers frissons au volant...

Et les premiers constats (non amiables)...

 Un héritage paternel...

Un premier classique (de ceux que j'ai réussi à construire 
tout seul, comme un grand)...
Suivi d'un deuxième classique...
Un abus flagrant de séries télévisées japonaises...

Voire de séries télévisées françaises...

L'influence forcément américaine (même que c'était trop classe :
quand tu remuais son bras comme un levier, il changeait de tête !).
Des années après, je n'ai toujours rien à ajouter pour ma défense... Décidément, non : rien de rien. Tout cela m'est dorénavant bien égal. Et "que celui d'entre vous qui n'a jamais pêché [me] jette la première pierre" (Jean, 8).

jeudi 21 avril 2011

Unfinished business

J'aurais pu vous parler aujourd'hui d'un - grand - film d'Alfred Hitchcock. Mais non. Mais je vous parlerai tout de même d'art anglais. Parce que Vertigo, c'est également le nom d'un super label de musique rock, un de ceux comme on n'en fait plus : courageux, pointu, exigeant, cohérent, un peu fou et qui a réussi à se maintenir contre vents et marées. Pour ceux de ma génération, le catalogue de Vertigo dans les années 80 c'était, entre autres, mmm... Dire Straits, Status Quo et Metallica. Soit. En revanche, pour ceux qui sont nés une décennie plus tôt, le label aura vu défiler, en quelques années à peine, presque toute la crème du rock progressif anglais de l'époque : du jazzy fusionnel de Nucleus jusqu'aux métaux gothiques de Black Sabbath (qu'on ne présente plus), en passant par les africains d'Assagaï ou l'irlandais Thin Lizzy.
Un palmarès on ne peut plus alléchant, en somme, où qualité ne rimait pas forcément avec quantité : faute de "rentabilité", quelques artistes peinèrent à franchir le cap des deux albums (dans certains cas, le passage par la case Vertigo n'étant en réalité à considérer que comme une étape supplémentaire, anecdotique, dans une carrière mouvementée). Voire, plus rarement, moins : Affinity, NirvanaDaddy Longlegs, Gracious, Ramases, Hokus Poke, Mike Absalom... One-shots, certes, mais ô ! combien sublimes !
Etc. On citera en revanche, parmi les artistes les plus emblématiques du label, ceux qui ont - en quelque sorte - contribué à forger le "son" Vertigo au fil du temps. Outre les mythiques Black Sabbath : Jade Warrior, Colosseum, Magna Carta, Beggars OperaJuicy Lucy, Gentle Giant... figurent parmi les groupes "maison" que l'on continue régulièrement d'associer à l'histoire du label (que, pour un peu, on consulterait des heures durant). Et encore, je ne cite que ceux natifs de la perfide Albion (Vertigo ayant déployé ses tentacules jusqu'au Japon, en passant par l'Allemagne, les Pays-bas ou les USA). Côté son, cela donne le tour d'horizon suivant, histoire de situer un peu le niveau : c'est souvent gros, parfois lourd et ça peut décoiffer.
Où il est prouvé que "chevelu" rimera toujours avec "moustachu" (soupir). Rétrospectivement, le label a gagné ses véritables lauriers dans les années 90, soit environ un quart de siècle après sa création. A l'instar de grands crus, les premiers disques originaux sortis sur le sol anglais se négocient aujourd'hui sur le marché à des prix qui tendent de plus en plus à s'envoler (ce qui apporte - ô ! bonheur incommensurable - un casse-tête supplémentaire aux collectionneurs de disques de cette planète) ; les compilations et/ou pseudo-hommages s'enchaînent...
Tracklisting : 1. Linda HoyleMorning for One / 2. Lighthouse Love of A Woman / 3. Gracious Introduction / 4. Nirvana Modus Operandi / 5. Aphrodite’s ChildBattle of The Locusts / 6. Colosseum The Kettle / 7. Manfred MannOne Way Glass / 8. Black SabbathBehind The Wall of Sleep / 9. Assagai Telephone Girl / 10. Marsha Hunt’s 22The Beast Day / 11. Affinity Three Sisters / 12. Juicy LucyWillie The Pimp / 13. Gravy TrainThink of Life / 14. Freedom Toe Grabber / 15. Flied EggLeave Me Woman / 16. Frumpy – I’m Afraid Big Moon / 17. Warhorse Vulture Blood / 18. Thin LizzyJohhny The Fox Meets Jimmy The Weed / 19. Uriah HeepWalking In Your Shadow / 20. Tea Through Scarlet / 21. Juicy LucyTrain / 22. Bob DownesPiccadilly Circles / 23. Juicy LucyShe’s Mine She's Yours / 24. Buffalo Ballad of Irvin Fink / 25. Atlantis It’s Getting Better / 26. Janne SchafferAir Mattress / 27. Ian CarrHector’s House / 28. Patto – Government Man / 29. Atlantis Living At The End of Time / 30. Affinity I Am And So Are You / 31. Beggars OperaTime Machine / 32. Alan StivellAn Dro Nevez / 33. Agitation FreeRücksturz / 34. Zao La Soupe / 35. Catapilla Embryonic Fusion / 36. Brave New WorldThe End / 37. Dr. ZIn A Token of Despair / 38. Atlantis Let’s Get on The Road Again / 39. Aphrodite’s ChildDo It / 40. Black SabbathThe Wizard / 41. May BlitzFor Madmen Only / 42. Baker Gurvitz ArmyMemory Lane / 43. May BlitzIn Part / 44. Daddy LonglegsWheelin’ And Dealin' / 45. Cressida Lights In My Mind / 46. Affinity All Along The Watchtower / 47. Trace Gaillarde / 48. Brave New World – The End / 49. May BlitzSnakes And Ladders / 50. Nucleus Roots / 51. Agitation FreeHaunted Island / 52. Cressida Let Them Come When They Will.
... mais force est de reconnaître qu'ils l'ont bien mérité : encore une fois, le légendaire label spiralé continue de faire rêver (pour s'en rendre compte, il suffirait de jeter un coup d'œil aux visuels somptueux de certaines pochettes - signés Marcus Keef, Hipgnosis, Bloomsbury Group...), et fera à jamais date dans l'histoire du rock contemporain (sauf, semble-t-il, dans le "Dictionnaire du Rock" dirigé par Michka Assayas. Mais, comme d'habitude en France, on a toujours un train de retard...), quelque part entre Deram et Harvest, deux autres (sous-)pointures contemporaines on ne peut plus respectables. Moralité : tout ça pour dire que j'ai encore trouvé un prétexte pour acheter des disques !

dimanche 3 avril 2011

Présentations. Acte 2, scène 1.

Dimanche matin, au réveil. Vous venez tout juste d'ouvrir les yeux et regardez autour de vous, de tous les côtés, vérifiant si les murs qui vous entourent sont bien réels ou non, essayant de reconnaître si ce sont bien ceux-là même qui vous abritent d'ordinaire. Vous passez la main sur vos yeux, encore incertain, nageant sur le ressac d'un rêve dont vous avez peine à croire qu'il en fut un. Et pourtant ! Vous avez tant la tête en ébullition, (sur)chargée de souvenirs - des noms ? des images ? des sons ? - qui se floutent au fur et à mesure que votre conscient émerge, lui aussi, de sa torpeur ; que la réalité reprend progressivement ses droits. Mais c'est trop tard : tout vous revient soudain avec netteté. Vous réalisez enfin. Vous êtes vivants et vous avez peur...
Comment en étais-je arrivé là ? Qu'avais-je fait pour le mériter ? M'était-ce seulement réellement arrivé ? A moi ? Pourquoi m'avait-il fallu m'en souvenir aujourd'hui ? Après toutes ces années... Non, vraiment, je ne comprenais pas. J'avais beau retourner la question dans tous les sens, je pensais que la dance music et moi, c'était bien fini, mort, enterré. Que nous n'avions, depuis longtemps, plus rien à voir ensemble. Les années 90 étaient bel et bien terminées, passées, enfouies. Depuis plus de dix ans, déjà. Aussi, pourquoi, d'un coup, avais-je fait ce rêve inepte, kafkaïen, effrayant, dans lequel ces sons cheap et biscornus me revenaient en mémoire quand je ne leur avais rien demandé, moi ? Venaient-ils me crier leur vengeance ? Me faudrait-il donc l'avouer publiquement si je désirais que cesse le harcèlement, et qu'on me laisse en paix ?
Soit. Toute autre tentative serait donc vaine. Il me faudrait me confesser ici, aux yeux de tous : ainsi, que c'était bien moi qui, dans cette autre vie qu'on appelle "jeunesse", à un âge - et une époque - où je me suis laissé influencer plus d'une fois par ceux que j'ai appelé des amis, m'était converti à ce que l'on a connu - et continue de connaître - sous la dénomination de dance music (dit aussi "musique de boîte, ou "eurodance", ou... etc.). Mais attention ! De la bonne, de la lourde - allemande ou italienne, de préférence -, de celle qui tâche et que l'on achète en CD 2 titres au supermarché : Culture Beat, 2Unlimited , Haddaway, Ace of Base, JayDee, Corona, Jam & Spoon, Dr Alban, M People et j'en passe... jusqu'à ce mémorable Reel 2 Real, s'il vous plaît !
Brrr... Pour un peu, je les reverrais encore, tous ces singles, alignés dans leurs pochettes en carton - pour les 2 titres - ou transparentes - pour les maxis. Je pourrais presque les toucher... Sans parler des compilations : ces "Top DJ" (les trois premiers volumes), "La plus grande discothèque du monde" (volume 6, 7 et 8) qui dégueulent des étagères... Tout ce qui sentait bon le lycée,  M6, Fun radio et les "soirées mousse" dans les discothèques creusoises...
Voilà. C'est dit. Et c'est déjà bien cher payé. Tel - c'est-à-dire : jeune ? -, je fus en effet. Dorénavant, l'heure n'est plus au blasphème. Je me sens plus bas que tout, prenant conscience que mon corps ne m'appartient plus vraiment (métempsycose ?). Mais, bon : à quoi cela me servirait-il encore de plaider ici ma défense puisque, en somme, je ne pourrais jamais que parler "d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître" ? Quant aux autres... Vieux témoins, je prie pour qu'ils aient oublié, eux aussi. Ou se taisent à jamais. Sinon, qu'ils me jettent seulement la première pierre. Pour voir.