dimanche 27 novembre 2011

Mémoires d'Outre-Tombe

Dimanche gris, maussade, vide... Mon esprit erre au loin, sans but... ni même faire l'effort de se dérouler... jusqu'à l'étincelle, cette fameuse madeleine ! Alors que j'écoutais, de façon presque distraite, "A small collection of rare, delightful folk oddities for strange adults and maybe their children too" (Trunk records, 2006) - et ce faisant suite à un album de comptines concocté par les deux sœurs Simon -, se détache comme par enchantement une ritournelle minimaliste, jouée à l'ocarina, qui semble sortir tout droit d'outre-tombe :
Je me redresse, ma mémoire désormais aux aguets, cherchant à localiser dans le temps le moment où ancrer ce point précis, ce petit air de rien, pourtant connu de manière quasi-génétique. La pochette du CD me livre un nom : Pierre Arvay. Je brûle. Le clic suivant sera mon sésame : Pierre Arvay, le compositeur de la musique d'Aglaé et Sidonie. Les souvenirs peuvent maintenant affluer. Soulagé, je constate que chaque chose est de nouveau là, bien à sa place.
C'est remonté comme ça, d'un coup : les heures passées devant le téléviseur, à emmagasiner inconsciemment - essayez vous-mêmes, les mélodies vous reviennent intactes, comme apprises par cœur, dès les premières notes - des centaines de musiques de séries animées "pour enfants". Mais, attention : je parle ici des vrais enfants, ceux qui ne connaissent pas les à priori, à qui personne n'a encore inculqué les notions de bon, voire de mauvais goût, ni les "grands", ceux qui matent déjà "Ken le survivant" et "Les chevaliers du zodiaque" ! Ceux que peuvent encore émouvoir des choses comme...
 "Chapi Chapo", par François de Roubaix...
 L'italien "Mio Mao"... ou encore...
Le "1, Rue Sésame" brésilien, et, sans oublier...
Les incontournables "Dr Teeth and the Electric Mayhem",
 du Muppet Show himself - merci, M. Henson !
Une serpillère verte - qu'on croirait dessinée par Arcimboldo - qui chante ? Et comment oublier Animal, le batteur fou de la bande à Kermit ?... Tout est bon. Mais le risque majeur de l'enfance, dans tout cela, c'est bien de ne pas en sortir. On peut y retomber à n'importe quel âge, sans prévenir. (Version "Albator 78" pour les garçons, ou "Mon Petit poney" pour les filles.) Et il y a toujours des gens (adultes) pour vous y aider : Johnny Trunk, donc, mais aussi  Andy Votel, François de Roubaix, Jean-Claude Vannier, ou l'impeccable Lubos Fiser, déjà cité dans ces pages !
Outre ses musiques pour films, la vaste discographie de ce dernier comporte en effet de nombreuses compositions destinées à des programmes - pour la plupart, des séries d'animation - pour la jeunesse. Ainsi, à côté de quelques épisodes de "La petite taupe", on peut trouver, en cherchant un peu ce qu'a fait le monsieur dans les années 70, de petites perles comme :
 ("Svatebni Kosile", 1978, deuxième partie ici !)
("Jeruzalemska Ulice", la même année, deuxième partie !)
Et d'autres encore, à découvrir, celles-là... Des films précieux, aux antipodes des productions actuelles, et qui, réalisés à la main, peuvent davantage et plus profondément toucher que la plupart des productions plus lissées - et aseptisées ? -, asiatiques ou américaines, ingurgitées jusqu'à saturation. Des films qui, enfin, ne manqueront pas d'évoquer ceux de celui qu'on considérait par ailleurs comme le "Walt Disney de l'Est" : Jiri Trnka. Des films qui donnent envie de garder grand ouvert ses yeux d'enfant, et de continuer à s'émerveiller tout éveillé. Tiens ?... Les nuages sont partis... Il se fait tard... Je crois entendre des voix... J'ai bien dit : les "Flumps" ?...

mardi 15 novembre 2011

Public / Privé

Quand j'étais jeune, outre les signes classiques de rassemblement que l'on peut habituellement distinguer dans la cour d'un collège lambda - parmi lesquels : le survêtement Adidas Challenger, la balle de tennis - comprenez : le ballon de foot de tout ado fauché -, les images Panini (en double), les billes (plus rares, celles-là : on était tout de même des grands, au collège)... -, figurait comme sujet de conversation récurrent le programme télé maté la veille. (Pour rappel : j'ai connu la 5ème chaîne, môooa - ça calme, hein ?) Et, là, tous les trois mois, l'on était à peu près sûr d'entendre au moins un groupe d'ados disséquer puis se rejouer à l'envi les sketches réalisés par Les Inconnus pour leur cultissime émission diffusée à l'époque (1990-1993) sur Antenne 2 : "La télé des Inconnus".
Cet ex-quatuor (devenu célèbre (voire énoooorme) sous sa formule de trio : Didier Bourdon, Bernard Campan & Pascal Légitimus), sorti tout droit de chez Philippe Bouvard, on le connaissait bien grâce à ses premiers spectacles, d'où furent extraites quelques répliques inoubliables du style : "Stéphanie de Monaco", "Vous m'avez dit de pas dire Hardy", "A mort Louis croix-vé-bâton", "Avec télémagouille, on en a plein les fouilles", et j'en passe... Bon. Je dois confesser ne pas savoir apprécier totalement leur spectacle sur scène. En contrepartie, je fus - et resterai - un adepte inconditionnel et sans faille de leurs mémorables détournements cathodiques, qui furent pour moi (et qui continuent de le rester à l'heure actuelle), cela va sans dire, un réel bonheur.
En quelques années de gloire télévisuelle, avant la séparation puis les envols des carrières respectives de chacun, ces trois-là se sont fait un plaisir évident, palpable, en pastichant allégrement tout ce que le PAF offrait alors dans ses registres les plus divers et variés : musique, sitcoms, jeux, actualité, fictions... tout était bon puis passé à la moulinette "Inconnus". Et le résultat ne décevait que très, très, très rarement, il faut le reconnaître.
Alors : oui. Ce sont bien un condensé des années 80, j'ai envie de de dire : "dans toute leur beauté", qu'il est ainsi possible de se remémorer ici, en l'espace de quelques minutes seulement (sauf si, comme moi, vous avez du mal à décrocher de ces sketches que vous allez jusqu'à visionner plusieurs fois de suite, en boucle).

Au vu de ce dernier cas, penser à vérifier si l'un (Bernard Minet) ou l'autre (Dorothée) des susnommés n'a pas porté plainte... Bien sûr, ils furent nombreux à se voir plagiés : de Thierry Ardisson à Florent Pagny, de Didier Barbelivien & Félix Gray à "Star Trek", du "Top 50" à "Thierry la fronde", sans oublier les reportages consacrés aux chasseurs, policiers, hard-rockeurs, rappeurs, etc. La liste s'allonge. Que du bonheur, vous disais-je !
Bizarrement, je me surprends à rire de nouveau - tout étant savamment imité, faire particulièrement attention aux détails, cadrages, musiques, etc. Grosso merdo, on avait donc, à l'époque, le choix entre ces fameux Inconnus, d'un côté, et, du côté de la (seule) chaîne cryptée, cette autre fameuse bande de comiques, qui faisait également "tendance" : Les Nuls. Rappelez-vous, c'était eux...


Une autre fameuse école, que celle-là, en vérité je vous le dis ! Célèbres par leurs milliers de fausses pubs, leur JTN, ainsi qu'une série de SF "Objectif : nul"... Alain Chabat, Bruno Carette, Dominique Farrugia et Chantal Lauby n'ont pas fait moins qu'écrire là une sacrée page de l'histoire de Canal+. Ceci étant une autre histoire, qui les mena tout droit jusqu'à...
Les uns comme les autres ont donc eu, plusieurs années durant, carte blanche pour divertir un pays entier. On doit pouvoir encore retrouver, chez les gens de ma génération, les séquelles de toutes ces années passées devant nos téléviseurs. J'ai cependant peur que celles et ceux qui ne se surprennent pas à réciter - fussent-elles prononcées malgré eux ou non - de telles répliques ne peuvent - hélas ! - me comprendre. Aussi, à ces derniers, il ne me reste plus qu'à tenter de leur expliquer : "Ouais, ouais, ouais... C'était ça, la télévision dans les années 90." Et vice et versa.

lundi 7 novembre 2011

Did Video Really Kill The Radio Star?

Aaaaahhh... Le charme du Kitsch, des "vieilleries"... Leur parfum désuet... Cette noblesse déchue qui a su garder sa superbe malgré les âges, vers laquelle on se retourne sans pouvoir s'empêcher d'arborer un sourire en coin - complice malgré la différence d'âge -, et qui continue de nous fasciner, nous, avec nos yeux ouverts de grands enfants... Parce que les Buggles se sont peut-être plantés, après tout : Dieu, dans son infinie bonté, avait créé le Scopitone bien avant la vidéo !
Le Scopitone, kézako ? En gros, et pour résumer : "Le Scopitone [du grec scopein (regarder) et tonos (tonalité)] est un juke-box alliant, grâce à un dispositif mécanique automatisé, le son et l’image cinématographique en couleurs projetée sur un écran de verre dépoli. L’appareil contient trente-six films au format 16 mm, à piste magnétique, conditionnés sur des bobines de 30 m.
Le Scopitone marque un jalon dans l’histoire de l’entreprise française Cameca (Compagnie d'applications mécaniques à l'électronique, au cinéma et à l'atomistique), issue de l’absorption en 1954 de la société Radio Cinéma (créée en 1929) par la Compagnie générale de télégraphie sans fil (CSF). La société Cameca, installée à Courbevoie, a construit des appareils cinématographiques et des instruments scientifiques de très haute précision (notamment pour les radars aériens). En avril 1960, la société présenta le Scopitone au Salon de Paris. Cédant à la concurrence de la télévision, les activités vidéo seront interrompues au début des années 1970. La Cameca se tourne alors exclusivement vers la fabrication d'appareils de mesures à usages scientifiques.
Le Scopitone constitue une étape marquante de l’histoire du clip musical. La réalisatrice Germaine Dulac (1882-1942) se livre ainsi à cet exercice en 1930 en adaptant au cinéma des chansons de Fréhel.
" Le Scopitone est donc un juke-box vidéo. CQFD.
(modèle simple)
(modèle vendu avec le chanteur Frankie Avalon)
Et là, on se le demande, on brûle de savoir ce qu'ils pouvaient bien regarder (et écouter) comme clips dans les années 60, les d'jeuns ! (Mais, si : les swinging sixties !... souvenez-vous !...) Réponse en images :
(Et lui, et lui, et lui...)
(...des clips franchement "marteau", donc...)
(...qui mettent en scène des Boys bands...)
(...ou des midinettes...)
(...et, pour les moins chanceux...)
La liste est longue : sites, festivals, objets vintage... tous les prétextes sont bons au revival. Parlez-en à vos parents, on ne sait jamais... Renieraient-ils ces gauloiseries juvéniles ?
Moralité :

dimanche 6 novembre 2011

Happy Birthday To You...

Cette année, quelques-uns parmi les plus grands albums de tous les temps vont fêter leurs anniversaires, nombreux et variés - il y en a pour tous les âges ! Selon les goûts, on peut les apprécier (ou pas) ; on peut également les (re)découvrir ; on pourra enfin - pourquoi pas ? - boire un coup à la santé de ces superbes galettes. Et pas question d'échelle de valeurs ici : il n'est question - je l'espère - que de (bonne) musique... Commençons donc par les vieux pots (puisqu'il paraît qu'on y fait la meilleure soupe) ! Fêtent ainsi leurs quarante ans :

Sans oublier le tout premier "Polnareff's", "Métronomie" ou encore l'"Obsolète" de Dashiell Hedayat, disques maudits parmi les disques maudits... Et sans compter non plus que certains ont les moyens de faire ça bien...
Suivent en rang quelques trentenaires... Plus modestes, ceux-là (mais leur heure viendra bientôt...).
Même les maxis 45t sont à l'honneur : se rappeler Grandmaster Flash, entre autres... Ce qui nous amène maintenant à ceux qui viennent tout juste de fêter leurs vingt ans (s'il y en a dans la salle qui s'en souviennent...) :


Et puis... Et puis aussi... Et encore... ça se bouscule au portillon, comprenez, c'est toute ma jeunesse qui défile devant mes yeux : mes années Inrockuptibles ; le concert de U2 à l'hippodrome de Vincennes ; les soirées étudiantes où de jolies anglaises aux longs cheveux blonds m'ont fait écouter ceci :
... Ce à quoi je ne trouve plus rien à dire, resté scotché devant la platine CD à me demander d'où peut bien sortir cette ligne de basse "trop mortelle" ???... Ma vie bascule alors lentement... Enfin, c'est fait. Il faut bien que jeunesse se passe. Mais vous allez voir ce que vous allez voir : si cela se trouve, je vous en reparlerais encore dans dix ans !...