mercredi 16 février 2011

Nipponités

En surfant sur le site sur lequel j'ai l'habitude de télécharger mes films, je suis tombé sur ce petit bijou d'animation japonaise pré-natale (comprendre : d'avant ma naissance) qui s'appelle "Belladonna of sadness". Inculte mais néanmoins intrigué par la beauté des captures d'écran, au graphisme évocateur des mangas de l'époque en même temps que de la peinture autrichienne du début du siècle dernier (Klimt et Kokoschka en tête), et soupçonnable d'un psychédélisme latent, je décide de télécharger  derechef le film en question puis de le visionner. Si j'avais su ce qui m'attendait...
Car je tombai instantanément sous le(s) charme(s) vénéneux de la Belladonna en question. Impossible d'y résister. Du point de vue esthétique tout d'abord, car le film est un véritable délice pour les yeux : on savoure inlassablement, dans un premier temps, ces longues et magnifiques épures quasi-fixes (les personnages ne sont, au final, que très peu animés). De l'héroïne, ensuite : sensuelle à l'extrême, d'abord réservée, elle explose littéralement dans la seconde moitié du film (une "Barbarella" hardcore comme seuls les asiatiques pouvaient l'imaginer).
Et en effet celle-ci, d'abord simple paysanne moyenâgeuse contrainte de se livrer corps et âme (surtout de corps) aux plaisirs d'un monarque sadique afin de sauver son fiancé d'un odieux chantage inextricable, se mue finalement en une sorcière (tendance Michelet) invincible qui, suite à un pacte diabolique, n'aura de cesse de se venger en déchaînant les passions les plus folles à travers son village entier, et ce jusqu'à la mort des méchants tortionnaires du début. La preuve.
L'une des non moins désagréables surprises de ce film - et elles sont nombreuses -, provient en effet du déchaînement visuel dans la seconde moitié de celui-ci : ce véritable feu d'artifice psychédélique (tendance Guy Peellaert, ou Ralph Bakshi, mais peut-être plus sexe et plus trash encore), aussi surprenant qu'inattendu, est tout bonnement indescriptible ; il faut le voir dans son entier pour en prendre sa réelle mesure. Les séquences se succèdent alors au rythme d'une éruption orgiaque quasi-ininterrompue de couleurs et de sons, soutenue par une musique - forcément psychédélique, elle aussi - loin d'être en reste.
Et là, parvenu à un tel paroxysme, on réalise qu'il était impossible qu'un film comme "Belladonna..." se termine d'une façon qui ne fût pas tragique. Moyen-âge oblige, quand même...
Jusque-là, les films d'animation (tous semi-érotiques) d'Eiichi Yamamoto n'ont pas encore connu de réédition DVD française. Et concernant la musique concoctée par Masahiko Satoh, de rapides recherches m'ont permis de mettre la main (virtuelle) sur un disque vinyle sorti à la même époque sur le label italien CINEVOX. Depuis : plus rien.
Il se peut que l'objet soit d'ailleurs devenu culte aujourd'hui chez les collectionneurs de disques,  et à peu près aussi cher que certains disques de J. A. Seazer, un autre japrocker psychédélique furieux qui officiait principalement pour le grand Shuji Terayama. Je ne serais donc ni surpris de sa rareté, ni de l'exorbitance de la somme à débourser.

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