jeudi 23 juin 2011

France 80

Quand j'étais plus jeune, que mes hormones commençaient de me titiller, à un âge où tout adolescent moyen - je suppose - recherche par tous les moyens qui sont à sa portée - sauf Internet, qui n'existait pas, je tiens à le rappeler : j'ai connu le minitel, moi... - le goût des sensations extrêmes, le frisson que procure le fait de braver les interdits - comprendre : mater des films X en cachette, sur Canal + (et, forcément, en brouillé puisqu'on n'avait pas de décodeur à la maison) -, la découverte de nouveaux types culturels un peu plus excitants que Les Enfants du Rock ou Ushuaïa (et dont on pourrait parler crânement le lendemain dans la cour du collège)... parmi les passages obligés, incontournables, on trouvait soit la lecture des romans de Stephen King, soit la revue Mad Movies, soit le visionnage de films d'horreur à la TV (les trois allant, en général, souvent ensemble). Et, dans les années 80, cela se passait fatalement soit sur La 5, soit sur M6.
Dans le cas du premier - car il reste celui à m'avoir le plus marqué -, une case dans la grille de leurs programmes était spécialement prévue à cet effet : l'émission était diffusée chaque lundi soir, et avait pour nom "Les accords du Diable".
Si l'on parle toujours de ses "premiers émois sexuels", qu'en est-il alors, pour notre adolescent moyen, lui qui peut découvrir, en semaine à 20h45, des films comme "Alien, le 8ème passager", "Vendredi 13", "Les griffes de la nuit", "Massacre à la tronçonneuse", "Evil dead", "L'exorciste", "Amityville, la maison du diable", "La malédiction"... et j'en passe ? Des émois fantastiques ? Horrifiques ? A cet âge-là, ce sont aussi des choses qui  vous marquent, que l'on n'est pas près d'oublier. Quant à la présentatrice de la susdite émission, celle-ci se faisait appeler... Sangria. Et, dans mon souvenir, elle ressemblait plutôt à ça :
J'imagine qu'à l'époque, on avait voulu nous la vendre comme une cousine éloignée de cette fameuse Elvira (voir photo ci-dessous) que le monde entier enviait aux Américains ? Sauf qu'on ne la ferait pas aux vieux briscards que nous étions !
Car, depuis, on s'est rappelé que le véritable nom de notre speakrine nationale était bien Catherine Falgayrac, qu'elle était devenue blonde, avait aussi présenté Téléshopping et qu'il lui arrivait enfin de chanter...
Bon. Les temps ont changé. Les sex-appeals aussi, me direz-vous. Même La 5 n'est plus. Du coup, l'on ne m'en voudra pas de vivre encore un peu dans mes souvenirs. Car j'en garde d'excellents, de ces moments rituellement passés devant le petit écran, émoustillé comme je le fus, à ne jamais manquer la diffusion de ces films dont personne ailleurs dans le PAF n'avait alors voulu (Canal +, chaîne cryptée, étant hors-jeu). Plus tard, histoire de ne pas s'arrêter en si bon chemin, rappelons que la chaîne de Berlusconi fut également la première à diffuser la génialo-cultissime série de David Lynch - c'était il y a déjà plus de vingt ans :
Par la suite, M6 voulut faire son beurre à son tour en proposant, le jeudi soir en deuxième partie de soirée, ses propres "Jeudis de l'angoisse". Mais le charme, survenu trop tard, n'opérait déjà plus - même si on devait reconnaître à "la petite chaîne qui monte" l'importation des comiques "Contes de la crypte".
Golden Years, chantait l'autre... Ce n'était donc pas faux. A moins que toute une éducation ne soit à refaire.

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