dimanche 3 avril 2011

Présentations. Acte 2, scène 1.

Dimanche matin, au réveil. Vous venez tout juste d'ouvrir les yeux et regardez autour de vous, de tous les côtés, vérifiant si les murs qui vous entourent sont bien réels ou non, essayant de reconnaître si ce sont bien ceux-là même qui vous abritent d'ordinaire. Vous passez la main sur vos yeux, encore incertain, nageant sur le ressac d'un rêve dont vous avez peine à croire qu'il en fut un. Et pourtant ! Vous avez tant la tête en ébullition, (sur)chargée de souvenirs - des noms ? des images ? des sons ? - qui se floutent au fur et à mesure que votre conscient émerge, lui aussi, de sa torpeur ; que la réalité reprend progressivement ses droits. Mais c'est trop tard : tout vous revient soudain avec netteté. Vous réalisez enfin. Vous êtes vivants et vous avez peur...
Comment en étais-je arrivé là ? Qu'avais-je fait pour le mériter ? M'était-ce seulement réellement arrivé ? A moi ? Pourquoi m'avait-il fallu m'en souvenir aujourd'hui ? Après toutes ces années... Non, vraiment, je ne comprenais pas. J'avais beau retourner la question dans tous les sens, je pensais que la dance music et moi, c'était bien fini, mort, enterré. Que nous n'avions, depuis longtemps, plus rien à voir ensemble. Les années 90 étaient bel et bien terminées, passées, enfouies. Depuis plus de dix ans, déjà. Aussi, pourquoi, d'un coup, avais-je fait ce rêve inepte, kafkaïen, effrayant, dans lequel ces sons cheap et biscornus me revenaient en mémoire quand je ne leur avais rien demandé, moi ? Venaient-ils me crier leur vengeance ? Me faudrait-il donc l'avouer publiquement si je désirais que cesse le harcèlement, et qu'on me laisse en paix ?
Soit. Toute autre tentative serait donc vaine. Il me faudrait me confesser ici, aux yeux de tous : ainsi, que c'était bien moi qui, dans cette autre vie qu'on appelle "jeunesse", à un âge - et une époque - où je me suis laissé influencer plus d'une fois par ceux que j'ai appelé des amis, m'était converti à ce que l'on a connu - et continue de connaître - sous la dénomination de dance music (dit aussi "musique de boîte, ou "eurodance", ou... etc.). Mais attention ! De la bonne, de la lourde - allemande ou italienne, de préférence -, de celle qui tâche et que l'on achète en CD 2 titres au supermarché : Culture Beat, 2Unlimited , Haddaway, Ace of Base, JayDee, Corona, Jam & Spoon, Dr Alban, M People et j'en passe... jusqu'à ce mémorable Reel 2 Real, s'il vous plaît !
Brrr... Pour un peu, je les reverrais encore, tous ces singles, alignés dans leurs pochettes en carton - pour les 2 titres - ou transparentes - pour les maxis. Je pourrais presque les toucher... Sans parler des compilations : ces "Top DJ" (les trois premiers volumes), "La plus grande discothèque du monde" (volume 6, 7 et 8) qui dégueulent des étagères... Tout ce qui sentait bon le lycée,  M6, Fun radio et les "soirées mousse" dans les discothèques creusoises...
Voilà. C'est dit. Et c'est déjà bien cher payé. Tel - c'est-à-dire : jeune ? -, je fus en effet. Dorénavant, l'heure n'est plus au blasphème. Je me sens plus bas que tout, prenant conscience que mon corps ne m'appartient plus vraiment (métempsycose ?). Mais, bon : à quoi cela me servirait-il encore de plaider ici ma défense puisque, en somme, je ne pourrais jamais que parler "d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître" ? Quant aux autres... Vieux témoins, je prie pour qu'ils aient oublié, eux aussi. Ou se taisent à jamais. Sinon, qu'ils me jettent seulement la première pierre. Pour voir.

1 commentaire:

  1. C'est une période terrible ça, je reconnais les compils que j'avais même en K7 mon cher !

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